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Grifon devient LIR, pour un Internet encore plus Local

et on va pas vous jouer de la guitare

Ca y est, c’est officiel : Grifon a obtenu le statut de L.I.R. Au-delà de la pérennité que cela apporte à nos activités, c’est l’occasion de lever le voile sur l’un des pans du rôle de Fournisseur d’Accès à Internet local et associatif. Bonne lecture, soyez curieu·ses et n’hésitez pas si vous avez des questions !

« LIR » – Kézako ?

Pour expliquer ce terme, il faut un peu de contexte : Internet utilise le protocole IP (entre autres) pour faire communiquer les machines. Dans sa version 4, la plus utilisée, 2^32 soit ~4.2 milliards d’adresses sont disponibles. Sous une autorité mondiale (l’IANA), cinq registres régionaux (RIR) sont chargés d’allouer ces adresses en « blocs », afin que chaque usager final (entreprise, Fournisseur d’accès, internaute…) puisse en utiliser pour se connecter à Internet. C’est chez celui pour l’Europe (RIPE NCC de son petit nom) que tous les acteurs européens de l’Internet, grands comme petits, vont venir demander des blocs d’adresses pour leurs serveurs ou leurs abonnés Internet. Ils deviennent alors des Registres Internet Locaux, en anglais « Local Internet Registry » ou LIR. Il y en a plus de 22.000 en Europe, et Grifon est désormais l’un d’eux !

Pourquoi maintenant chez Grifon ?

Du fait de la croissance d’Internet, les 4,2md d’adresses IPv4 sont presque toutes allouées ! En attendant que IPv6 (et ses 667 millions de milliards  d’adresses par mm^2 de surface du globe !) soit déployé partout, les RIR doivent donc rationner les adresses, pour maintenir une équité d’accès au réseau. Pour imager, voici une carte qui représente « l’espace IPv4 » en 2006 : 

carte internet IPv4 par xkcd

Mais depuis 2012, en Europe, tous les « gros blocs verts » (/8 soit 16M d’IPv4) ont été attribués, et c’est pareil au niveau mondial [1] . Le dernier bloc est donc découpé en tranches plus fines (/22 soit 1024 adresses), mais même celles-ci devraient arriver en fin de stock [2] (il en reste 4,13 millions pour l’Europe). D’ici 6 mois à 1 an, il sera quasi-impossible de s’en procurer à un tarif raisonnable. Or, sans adresse IPv4, impossible de fournir un accès à Internet neutre et complet ! Jusqu’ici, Grifon utilisait 256 adresses provenant de deux LIRs déjà existants (un /24 par LIR), moyennant finances. Cette solution reste active (pas de changement d’adresse pour les services actuels, rassurez-vous),  mais il était stratégique de profiter de la dernière occasion d’obtenir un stock dédié, pour permettre à plus de Bretons (et aux autres) de souscrire à nos services.

Budget

La facture initiale pour adhérer au RIPE NCC est d’environ 4000 €, avec un récurrent plus faible sur les années à venir. Grifon n’ayant pas toute la somme disponible, des membres du bureau (alarig, gizmo, BlackHornet et gfa) ont avancé des fonds pour permettre cette opération-clé. A noter que des « associations cousines » de Grifon se sont posé la même question récemment [3], car c’est un intérêt stratégique pour le maintien de notre activité dans la durée. Et un financement complémentaire a été trouvé de leur côté, par une campagne de crowdfunding [4].

En pratique

Concrètement, ça veut dire qu’on n’est plus obligé de sous-louer des blocs à d’autres LIR : on a directement la maîtrise de 1024 adresses supplémentaires. Autant dire que ça fait pas mal de place pour accueillir vos usages, vos serveurs et autres VPN, dans nos serveurs bretons.

Pour un internet fabriqué localement, avec passion et sans but lucratif, continuez à soutenir Grifon => A vos adhésions !

[1]  https://www.zdnet.fr/actualites/penurie-ipv4-pour-les-derniers-blocs-d-adresses-hostilites-et-magouilles-sont-ouvertes-39832654.htm
[2] https://www.ripe.net/publications/ipv6-info-centre/about-ipv6/ipv4-exhaustion/ipv4-available-pool
[3] https://www.franciliens.net/2019/01/devenir-lir/
[4] https://www.helloasso.com/associations/association-illyse/collectes/nous-avons-besoin-de-vous-pour-proposer-de-la-fibre-optique-dans-la-loire